Le temple de Edfou
Le dieu de la cité était un dieu faucon, l’Horus de Behedet.
L’importance d’Edfou s’affirme dès la plus haute antiquité. La nécropole
archaïque a été retrouvée, et on a découvert dans le désert proche le nom de
Ouadjit, l’un des premiers rois de la Ire dynastie.
Edfou doit sa célébrité, non à sa haute antiquité, mais au temple colossal qui
s’éleva, à l’époque ptolémaïque, dans la ville.
C’est l’un des temples les mieux conservés d’Égypte et le deuxième édifice en
grandeur après Karnak : 137 mètres de longueur, 79 mètres de largeur, 36 mètres
de hauteur pour les pylônes.
Le temple fut érigé sur un temple beaucoup plus ancien. Ses travaux de
construction furent commencés sous Ptolémée III en -237, pour se terminer sous
Tibère 180 ans plus tard.
Les romains le remanièrent et sa structure est presque semblable à celle de
Denderah. Entièrement construit en grès, ce temple est remarquable par son plan
harmonieux aux proportions parfaites, et sa conservation exceptionnelle.
Ensablé, il fut dégagé par l’égyptologue Auguste Mariette.
Comme beaucoup d’édifices religieux de cette époque, le temple était complété
par tout un ensemble de constructions, entièrement recouvertes par les maisons
du village moderne. Il y a seulement vingt ans, seul le mammisi était dégagé. En
1877, Amélia B. Edwards écrivait :
« Il y a dix ans, seul le sommet des pylônes du grand temple d'Edfou était
visible... Ses salles ornées de sculptures étaient ensevelies sous quarante
pieds de terrain. Son toit en terrasse n'était qu'un amoncellement de huttes
agglutinées, grouillant d'êtres humains, de volailles, de chiens... »
On pénètre dans le temple par le grand pylône décoré d’énormes reliefs montrant
le roi et les dieux ; la cour est entourée d’une colonnade sur trois côtés.
Le grand intérêt de ce temple réside aussi dans ses inscriptions qui donnent par
le menu, tous les détails du culte quotidien rendu à Horus et aussi des
cérémonies marquant les quatre plus grandes fêtes annuelles. Murs et colonnes
racontent les différents rites accomplis par le roi.
Sur le mur d’enceinte, on peut voir la fête célébrant la pose de la première
pierre. S’ajoutent les récits des guerres livrées contre Seth par Rê et par
Horus et la victoire de ce dernier sur ses ennemis (présentées sous forme
d’hippopotames ou de crocodiles). L'imposante facade du pylône affiche les
scènes classiques du massacre de grappes d'ennemis par le pharaon brandissant sa
massue. Au-dessus de la porte, le disque ailé encadré d'uræus, représente Horus
apparaissant entre les deux montagnes de l'horizon, évoquées par les deux
massifs du pylône. Ces derniers sont creux et desservis par un escalier accédant
au toit, où les prêtres astronomes montaient observer les étoiles.
Face au pylône, un mammisi est consacré au dieu Ihy, fils d'Horus et Hathor,
conçu à l'occasion de la Bonne rencontre : chaque année, Hathor de Dendérah
venait en bateau rendre visite à son époux Horus, accompagnée de nombreux
pèlerins. Cette fête est représentée au revers du pylône.
Deux portiques à chapiteaux composites bordent la grande cour dallée. Au fond se
dresse une superbe statue d'Horus faucon coiffé de la double couronne, taillée
dans un bloc de granit gris. Elle garde l'entrée de la première salle hypostyle.
À droite, s'ouvre la petite bibliothèque où on conservait les papyrus sacrés. En
avançant dans le temple, le sol se relève, les plafonds s'abaissent et la
lumière décroît, de manière à faire du sanctuaire un lieu obscur et mystérieux.
La deuxième hypostyle, plus réduite, est flanquée à gauche de la chambre des
offrandes solides et d'un laboratoire, et à droite de la chambre des offrandes
liquides. De la salle des offrandes qui lui succède, un escalier monte à la
terrasse où avaient lieu les cérémonies du Nouvel An : les statues d'Horus et
d'Hathor, portées en procession, étaient exposées dans un kiosque aux rayons du
soleil, pour les recharger en énergie divine.
Le vestibule précédant le sanctuaire communique avec la petite cour du Nouvel An
et sa chapelle, d'où partait le cortège.
Un naos en granit patiné occupe encore le sanctuaire : là, l'effigie d'Horus,
parée et ointe de baumes recevait trois fois par jour un service d'offrandes
accompagné de musique et de prières. Le grand-prêtre apposait ensuite sur la
porte du naos un sceau d'argile et se retirait en reculant, effaçant les traces
de ses pas. L'une des chapelles entourant le sanctuaire abrite une réplique de
la barque sacrée (voir photo ci-dessous).
La deuxième salle hypostyle donne accès au déambulatoire compris entre
l'enceinte et le mur du temple, ponctué de gargouilles à tête de lion.
L'escalier du nilomètre se trouve du côté est ; la paroi Ouest relate le combat
d'Horus contre Seth. Chaque année, les prêtres célébraient la Fête de la
Victoire d'Horus, en transperçant et dépeçant des effigies de Seth, hippopotame
en cire et en pâte à gâteau.
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