Le temple de Ramsès III
Le temple de Ramsès III adopte un plan défini et qui sera le
prototype des grands temples des périodes ultérieures : deux grands pylônes
séparant deux cours aux péristyles, précédant la zone du sanctuaire.
La première entrée, porte monumentale encadrée des deux imposants môles du grand
pylône, donne dans une cour ouverte bordée de deux portiques. Le premier au nord
est composé de pilastres enserrés de statues massives de Ramsès III représenté
en position osiriaque mais vêtu du pagne royal et coiffé d’une couronne solaire.
Le second au sud est composé de colonnes papyriforme à chapiteaux ouverts et
forme le portique royal. En effet le mur comprend une « fenêtre des apparitions
», ainsi que deux portes donnant sur un palais royal qui se trouve à l’extérieur
du temple. Il devait être utilisé par le souverain et la cour lors des
cérémonies qui se déroulaient ici chaque année lors de la « Belle Fête de la
Vallée », l’une des principales fêtes de Thèbes. D'aucun pense que ce palais, au
vu de ses dimensions assez réduites, n'était qu'un palais rituel sans autre
destinée que de jouer le rôle de palais pour le ka royal. De ce fait il n'aurait
jamais été utilisé...
Quoiqu’il en soit il est composé d’un vestibule hypostyle, servant de salle
d’attente, donnant sur une salle d’audience, plus petite, avec deux colonnes
encadrant un podium sur lequel devait se trouver le trône du roi. Derrière cette
salle se trouvaient les appartements royaux avec une antichambre, une chambre et
une salle de bain. À l’est du vestibule on accédait à un couloir menant à une
série d’appartements annexes dans lesquels on a voulu voir le harem du roi. À
l’ouest du vestibule une porte donnait sur un portique qui bordait un jardin
agrémenté d’un bassin, et donnant sur différents bâtiments administratifs. Ce
palais est conservé sur ses premières assises et a été remanié au courant du
règne de Ramsès III.
Le second pylône mène dans une seconde cour péristyle dans laquelle se
trouvaient autrefois des colosses royaux. L’ensemble de ces cours a conservé sa
couverture ce qui a protégé durablement les fresques et reliefs du temple. Ainsi
on peut admirer des plafonds au bleu profond constellés d’étoiles, des scènes
religieuses et militaires sur les murs qui ont gardé une fraicheur
extraordinaire. De même la plupart des colonnes ont conservées leur pigments ce
qui nous permet d’avoir une idée assez précise de l’aspect d’un temple dans
l’antiquité. Chaque mur, chaque colonne, chaque plafond, chaque corniche, chaque
hiéroglyphe, tout était peint de couleurs vives.
Cette seconde cour donnait à travers un portique à une troisième entrée, cette
fois sans pylône, qui menait à l'hypostyle - laquelle a perdu son plafond. En
effet en l’an -27, l’ensemble de la région fut victime d’un séisme qui affecta
la plupart des monuments de Thèbes. Médinet Habou n’y échappa pas et la salle
hypostyle s’effondra. Elle est aujourd’hui réduite aux premières assises des
colonnes qui restent cependant imposantes et est entourée d’une série de
chapelles qui ont été restaurées et qui, elles, ont conservé leurs décors
peints. Le sanctuaire a lui aussi souffert des vicissitudes de l’histoire et si
on peut reconnaître son emplacement dans l’axe de la première hypostyle, le naos
à lui disparu.
Histoire du temple
Le temple de Ramsès III devint le temple dynastique par excellence. À l’instar
du Ramesséum, le roi y fit figurer sa descendance et il est probable que le
temple servit au culte funéraire des successeurs de Ramsès III.
Avec l’anarchie qui suivra la fin de la XXe dynastie, le temple et son enceinte
fortifiée servit de refuge au peuple de Thèbes en lutte avec des excursions de
nomades venant du désert occidental et qui pillèrent la région lors des XXIe et
XXIIe dynasties. À cette époque nous pouvons imaginer que les grands temples de
millions d’années des souverains ramessides formaient des forteresses dont
Médinet Habou était sans nul doute la plus imposante.
À la Basse époque, le temple continua à fonctionner et les tombes des divines
adoratrices d'Amon furent aménagées dans l’enceinte du temple à l’instar des
tombes royales trouvées à Tanis. Les divines adoratrices étaient des filles
royales qui se consacraient à la prêtrise du dieu Amon et occupaient la charge
de représenter le roi à Thèbes. Elles choisirent d’établir leur sépulture au
plus près du sanctuaire de Djemé qui restait à cette époque l’un des lieux
saints de la région.
Par la suite avec les monarques gréco-romains le site fut peu à peu transformé
en ville dont l’enceinte principale occupait le centre. C’est du nom même de
Djemé ou Djemaï que les grecs par déformation nommèrent la ville Thébaï, qui
donnera par la suite Thèbes, homonyme de la Thèbes grecque.
La ville resta concentrée autour du site et durant la période copte, une église,
qui a été retirée depuis, fut installée dans la seconde cour du temple de Ramsès
III. Les graveurs coptes ont également détérioré les gravures égyptiennes et les
dessins sur les colonnes, et l’on pouvait encore voir au début du XXe siècle les
colonnes à chapiteaux corinthiens qui soutenaient le toit de l’église
chrétienne.
À la fin de l’antiquité, et avec l’invasion arabe, le site fut peu à peu
abandonné et recouvert par des monticules de décombres.
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